Le Summer Body : Origine de cette dictature estivale

Des articles minceurs, aux salles de sport : le Summer Body est partout. Dès le mois de janvier, il fait les gros titres, et vous fait culpabiliser sur vos débordements, éventuels, des fêtes de fin d’années. 

Au moment où nous attaquons, déjà, la seconde partie du mois de juillet, pour le bonheur des aoûtiens, et au malheur des fameux juillettistes, une question demeure. En 2022, faut-il encore se mettre à la diète pour profiter de la plage ? Une interrogation plus que légitime : le prêt-à-porter prône le body positive, mais Instagram pullule encore et toujours de corps minces et retouchés. En effet, personne n’ignore les commentaires des haters sous les quelques photos affichant fièrement des courbes généreuses. 

Même si Laura Calu avait provoqué en 2018 une vague de boycott avec le #Objectifbikinibodyfermetagueule, vous buvez toujours de l’eau citronnée à longueur de journée dès que vous avez pris un dessert. Alors, Summer body ou pas Summer body, c’est notre sujet de la semaine.

Summer Body : une nouvelle ère pour se dénuder

Profiter de la mer, exposer son corps au soleil pour se donner un teint un peu doré, ces habitudes sont typiques du XXe. Pendant de nombreux siècles, l’eau est synonyme de maladie, remémorant de mauvais souvenir datant de l’épidémie de Peste du XIVe siècle. Il faut donc attendre la fin du XIXe siècle pour que la baignade soit perçue comme une discipline sportive, puis la période des années folles pour pouvoir bronzer. C’est à partir de ce moment-là, que certaines règles, et critères de beauté vont apparaitre.

Faire du sport, se mettre au régime et prendre un bain de soleil, c’est le renouveau de l’entre-deux guerres. Au-delà d’être beaux, à l’époque c’est surtout un marqueur social puisque c’est la classe bourgeoise qui peut se permettre de suivre un tel rythme de vie. Comme l‘explique l’OBS, à l’époque, on ne pratique pas d’activités sportives annuelles comme on pourrait le faire maintenant. L’été devient alors le moment d’afficher fièrement son corps. Les maillots de bain deviennent un incontournable de l’été puisqu’ils représentent cette nouvelle tendance de s’afficher dénudé en société. Ils vont raccourcir avec les décennies, jusqu’en 1946Louis Réard va créer “le plus petit maillot de bain du monde” : le Bikini.

Micheline Bernardini, danseuse du Casino de Paris, présentant le bikini de Louis Réard en 1946 ©AFP

La Presse féminine : douce dictature de la beauté

Cette période, c’est aussi celle de la création de la presse féminine telle qu’on la connait. La fin du XIXe siècle va permettre de mettre en place des lieux exclusivement réservés aux dames, comme les grands magasins de Paris. La mode et la beauté occupent donc une place importante dans le quotidien, au point d’y consacrer des magazines entiers. En 1930, la presse féminine voit fleurir diverses lignes éditoriales dont l’objectif est d’aider les femmes à entretenir leur corps :

Sous le nom général « La Beauté » commencera une série de conseils destinés à la femme. Lui permettre de conserver sa ligne et sa jeunesse, tel est le but que se proposent ces articles.”

Alexie Geers, « Un magazine pour se faire belle », Clio. OpenEditionJournals

Cet extrait du périodique Votre Beauté expliquant la création d’une nouvelle rubrique, est typique de l’époque. Ainsi, les publicités incitent à prendre soin de soi pour son mari ou dans le but de séduire un homme. Cette nouvelle mode, véritable course à l’esthétisme, est appelé par l’historien Christophe Granger une dictature douce des codes encore encrées dans notre société, un siècle plus tard.

Des 50’s à maintenant : quel bilan pour le Summer Body ?

Les années 1950 marquent la naissance du phénomène aujourd’hui appelé la société de consommation. La population achète en quantité et avec mimétisme : il faut que tous le monde ait la même chose. Le Summer Body est, lui aussi, entré dans les moeurs. Les articles à ce sujet vont crescendo, au point de créer ce qu’appelle le magazine Marie Claire en 1957 : “Le complexe saisonnier“.

L’arrivée grandissante du féminisme dans la société a permis de glisser quelques alertes sur la toxicité de ce phénomène dès 1970. Bien qu’à ce moment-là, il est davantage question d’arguments anti-capitalisme, depuis une dizaine d’années, les médias communiquent sur la pluralité des corps. Les notions de Body-shaming et de Body-positive amènent d’années en années le changement. À l’approche de l’été, même si de plus en plus de revues féminines signalent cette mode dépassée du corps parfait, vous trouverez encore un grand nombre d’articles sur “Comment atteindre son Summer Body”.

À la Culotte parisienne, nous pensons que le physique idéal, c’est tout simplement le vôtre, du 34 au 48. Oubliez votre Seum-mer body, et préparez la seule chose importante pour l’été, votre crème solaire !

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